Tout investisseur, qu’il soit débutant ou chevronné, le sait bien : investir comporte toujours une part de risque. Pour autant, connaissez-vous vraiment votre tolérance au risque en matière de placements financiers ?

Loin d’être anecdotique, cette notion permet de choisir les placements les plus adaptés à sa situation. On vous explique tout

Liza summer

Qu’est-ce que la tolérance au risque ?

La tolérance au risque désigne la capacité d’un individu à risquer tout ou partie de son investissement initial, en échange d’un meilleur rendement potentiel. Pour le dire autrement, il s’agit de son degré d’acceptation d’un résultat différent de l’objectif visé. Cette notion est l’un des facteurs clés de la réussite (ou de l’échec) d’un investissement : pas question, donc, de faire l’impasse dessus !
Ainsi, un investisseur ayant une haute tolérance au risque sera plus susceptible d’accepter de perdre de l'argent pour obtenir un meilleur rendement. A l’inverse, un investisseur ayant une faible tolérance au risque tendra à favoriser les placements peu risqués mais peu rémunérateurs.
Pour déterminer la tolérance au risque d’un investisseur, il est important d’analyser sa situation financière, et de la comparer à ses objectifs.

Deux questions doivent ainsi être posées :

  • Quel degré de risque est-on capable de gérer ?
  • Quel degré de risque accepte-t-on de gérer ?

Si ces questions peuvent paraître similaires, elles sont en réalité bien différentes. La première désigne le risque que vous pouvez prendre d’un point de vue matériel (par exemple : combien d’argent vous pouvez perdre sans que cela n’ait un impact sur votre vie), tandis que la seconde désigne l’aspect psychologique du risque (combien d’argent vous acceptez de perdre sans ressentir de l’angoisse et/ou sans faire d’insomnies).

Les différents profils d’investisseurs :

De manière schématique, on dénombre trois grands profils d’investisseurs :

  • Les investisseurs prudents, qui souhaitent protéger leur capital, prennent peu de risques et acceptent en contrepartie d’obtenir des rendements potentiels moindres ;
  • Les investisseurs modérés, qui acceptent de prendre quelques risques mais recherchent avant tout un juste équilibre entre la protection de leur capital et l’obtention de rendements stables dans le temps ;
  • Les investisseurs dynamiques (ou offensifs), qui sont prêts à subir des pertes dans l’espoir d’obtenir des rendements potentiellement plus élevés.

Leur tolérance au risque peut se décomposer en une tolérance matérielle, c’est-à-dire les risques qu’ils peuvent prendre en fonction de leur situation personnelle et de leurs objectifs, et une tolérance émotionnelle, c’est-à-dire le degré d’acceptation dont ils disposent face à la potentialité d’une perte financière.

Prenons deux exemples :

  • Paul, un investisseur de 55 ans, souhaite investir pour avoir un matelas de sécurité. Il n’est pas prêt à risquer son capital et dispose d’un profil prudent. Son allocation d’actifs pourrait se constituer comme suit : 70% d’investissements peu ou non risqués (livrets réglementés, assurances-vie en fonds euros…), 20% de parts de SCPI et 10% d’actions.
  • Emilie, une investisseuse de 35 ans, souhaite investir pour se constituer un complément de revenus tout au long de sa retraite. Elle dispose d’un profil dynamique, en raison notamment de son horizon de placement long terme. Son allocation d’actifs pourrait se constituer comme suit : 50% d’actions et d’obligations, 30% de parts de SCPI, 10% de fonds diversifiés et 10% d’investissements non risqués.

Dans le premier cas, Paul dispose d’un horizon de placement à moyen terme, insuffisant pour gommer les effets de la volatilité. Il a donc intérêt à miser sur des actifs peu risqués.

Dans le second cas, Emilie dispose d’un horizon de placement à long terme (plus de 10 ans) : or, la plupart des placements suivent une tendance haussière sur le long terme, ce qui tend à réduire les risques de pertes. Emilie accepte donc de prendre plus de risques.

Le piège des biais émotionnels

Vous pensiez être un investisseur parfaitement rationnel ? Détrompez-vous : vos émotions jouent un bien plus grand rôle que vous ne le croyez ! C’est ce que s’attache à démontrer la finance comportementale, qui étudie l'impact des comportements psychologiques individuels sur les marchés financiers.

Ainsi, les études montrent que l’excès de confiance peut conduire à prendre des décisions plus risquées, mais pas forcément plus pertinentes. Elles montrent également que les investisseurs sont deux fois plus sensibles aux pertes qu’aux gains.

De même, lorsque les marchés vont bien, les investisseurs ont tendance à surestimer leur tolérance au risque ; lorsque les marchés baissent, en revanche, leur tolérance au risque se dégrade fortement, ce qui peut les inciter à agir de manière contre-productive. Par exemple, en vendant leurs actions lorsque les prix sont bas.

Mais ces pièges émotionnels ne sont pas uniquement réservés aux périodes de fortes variations des marchés. Ils existent aussi lorsque les investisseurs accordent trop d’importance aux performances passées, en pensant qu’elles seront garantes des rendements futurs… ce qui n’est pas le cas !

Il est donc important d’avoir conscience de ses propres biais et de l’influence que peuvent avoir nos émotions sur nos décisions financières. Tout en gardant en tête qu’une décision 100% rationnelle n’existe pas.

Quelles sont les bonnes questions à se poser avant d'investir ?

Avant de se lancer dans un investissement, il est nécessaire de se poser les bonnes questions pour définir son profil de risque. En voici quelques-unes :

  • Comprenez-vous le fonctionnement des marchés financiers ? Savez-vous ce qu’est la volatilité des marchés ?
  • Quel est votre horizon de placement (à quel moment aurez-vous besoin de l’argent placé ?)
  • Prévoyez-vous de faire un ou plusieurs achats importants dans les prochaines années (résidence principale, voiture, etc.) ? Votre portefeuille peut-il subir une perte de 10, 20 ou 30 % sans que cela n’impacte votre projet ? A ce sujet, les études montrent que les individus ne mesurent pas bien l’ampleur d’une perte en se basant sur un pourcentage. Il est donc préférable de calculer celle-ci en euros.
  • Quelle serait votre réaction si la valeur de votre portefeuille diminuait soudainement de 5000 euros ?
  • Si vous avez déjà subi des pertes : comment avez-vous réagi ? Avez-vous eu envie de retirer votre argent, ou êtes-vous parvenu à garder la tête froide, le temps que vos actifs reprennent de la valeur ?
  • Quelle est votre situation professionnelle et financière ? Si vous disposez d’un patrimoine important, vous pouvez vous permettre de prendre plus de risques dans le choix de vos placements. A l’inverse, si vous êtes dans une situation moins confortable, il est recommandé de choisir des actifs ayant un niveau de risque moindre.

Bien entendu, il est important de garder en tête qu’un profil d’investisseur n’est jamais gravé dans le marbre, et est toujours susceptible d’évoluer dans le temps (parce qu’on obtient un meilleur poste, parce qu’on finit par avoir une meilleure assise financière, etc).

Ainsi, il est tout à fait possible de passer d’un profil prudent à un profil dynamique. L’essentiel étant de faire correspondre son profil investisseur à sa situation personnelle, et à ses objectifs de vie.