Donner et investir sont deux faces d’une même pièce : celle d’une stratégie patrimoniale bien pensée. Entre les nouvelles exonérations prévues par la loi de finances 2025 et les nombreux leviers pour placer un héritage intelligemment, il est aujourd’hui possible de transmettre son patrimoine sans impôts (dans certaines limites) et de le faire fructifier dans les meilleures conditions. Comment bien organiser sa succession ? Comment optimiser les droits de succession ? Comment transmettre son patrimoine après 70 ans ?

Cet article vous guide pas à pas — avec les conseils de Clémentine Lanoë, ingénieure patrimoniale — pour répondre à toutes ces questions, et faire de la transmission un levier de stabilité et de croissance. Cependant investir comporte des risques, notamment de perte en capital, prenez-en connaissance.

Transmettre à ses petits-enfants sans impôts : mode d’emploi 2025

En 2025, les règles fiscales en matière de transmission ont évolué. Grâce à la loi de finances 2025, de nouvelles opportunités permettent d’optimiser sa transmission, notamment à destination des petits-enfants.
 

Quels sont les abattements existants dans le cadre familial ?

 

Donation des parents

 

« Pour mémoire, chaque parent peut transmettre jusqu’à 100 000 € à chacun de ses enfants sans avoir à payer de droits de donation. Ainsi, un couple peut donner jusqu’à 200 000 € à chaque enfant en exonération totale de droits.», complète Clémentine. « Cet abattement de 100 000 € s’applique sur une période de 15 ans, et peut être utilisé en une seule fois ou fractionné sur plusieurs donations. Si le plafond n’a pas été entièrement utilisé lors d’une première donation, le solde restant peut l’être dans la limite de cette période de 15 ans. ».
 

Donation des grands-parents
 

Aujourd’hui, un grand-parent peut effectuer une donation exonérée d’impôts à hauteur de 31 865 € tous les 15 ans, sous forme de don manuel. Ce don, de main à main, reste un moyen rapide et souple de transmettre un capital familial. 

« Le don manuel est accessible dès lors que le donateur a moins de 80 ans et le petit-enfant plus de 18 ans. »

Nouvelles exonérations 

La loi de finances 2025 ajoute un dispositif majeur : jusqu’au 31 décembre 2026, un don d’argent jusqu’à 100 000 € par donateur peut être effectué sans fiscalité, à condition qu’il serve à financer : 

  • L’achat d’un logement neuf ou ancien destiné à être résidence principale, 

  • Ou des travaux de rénovation énergétique. 

 

Attention il faudra tout de même respecter une limite de 300 000 € de montant total de dons exonérés et utilisés pour un même projet immobilier. 

Le don doit vous avoir été fait par : 

  • votre mère ou votre père ; 

  • votre grand-mère ou votre grand-père ; 

  • votre arrière-grand-mère ou votre arrière-grand-père ; 

  • votre tante ou votre oncle, à condition que ceux-ci n’aient aucun descendant (enfant, petit-enfant, arrière-petit-enfant). Dans ce cadre, seuls les enfants des frères et sœurs du donateur sont considérés comme neveu ou nièce. 

Cette exonération est cumulable avec les abattements fiscaux existants : « On peut aller jusqu’à 400 000 € par enfant si les deux parents utilisent les plafonds classiques et cette exonération exceptionnelle. » ajoute-t-elle. 

Faut-il déclarer une donation ? Et passer devant le notaire ?

Toute donation dépassant certains montants doit être déclarée. Le site impots.gouv.fr permet de le faire facilement.

Quelle différence entre don simple, donation-partage ou don familial exonéré ?

  • Donation simple : la valeur du bien est réévaluée au décès du donateur.

  • Donation-partage : les valeurs sont figées au jour de la donation, ce qui évite les conflits.

  • Don familial exonéré : soumis à des conditions précises (âge, lien familial, montant).

« La donation-partage, c’est la garantie d’une transmission équitable. Pas de rééquilibrage nécessaire plus tard. », reprend Clémentine. « La déclaration doit être faite par le bénéficiaire. Passer devant un notaire est obligatoire. Mais dans le cadre d’une donation simple ce n’est pas obligatoire. C’est toutefois recommandé pour sécuriser la démarche. ». 

A savoir : Le bénéficiaire majeur doit déclarer la donation dans le mois qui suit. S’il est mineur, c’est aux parents de le déclarer dans leur espace impot.gouv, également un mois au plus tard après avoir bénéficié de la donation.

 

Le présent d’usage : une exception fiscale méconnue

À l’occasion d’un anniversaire, d’un mariage ou d’une naissance, il est courant d’offrir un cadeau à un proche. Ce cadeau qui peut également se présenter sous forme de montant n’est pas soumis à imposition.

À quelles conditions un don devient un présent d’usage ?

Le présent d’usage se distingue du don manuel : il est fait à l’occasion d’un événement particulier (fête, réussite à un examen, mariage, etc.) et n’est pas soumis à déclaration ni taxation, à condition qu’il respecte certains critères.
Il peut prendre la forme d’une somme d’argent, d’un bijou, d’un objet de valeur, mais jamais d’un bien immobilier.

 

Une notion encadrée mais souple

Même si le Code civil ne le définit pas précisément, il en donne une ligne directrice : « Le caractère de présent d’usage s'apprécie à la date où il est consenti et compte tenu de la fortune du disposant ».

Autrement dit, le montant du présent d’usage doit rester raisonnable, au regard du patrimoine et des revenus de celui qui donne. Un cadeau trop important pourrait être requalifié par l’administration fiscale en donation, avec les conséquences fiscales que cela implique.

 

Quels montants respecter pour rester dans les clous ?

En pratique, il n’existe pas de seuil légal fixe. Toutefois, l’administration fiscale tolère généralement les présents d’usage à hauteur de :

  • 1 à 2 % du patrimoine total du donateur,

  • Ou 2 à 2,5 % de ses revenus annuels.

Au-delà de ces montants, le risque de requalification augmente, surtout si le don n’est pas justifié par une occasion précise.
Exemple : Pour un patrimoine évalué à 1 000 000 €, un présent d’usage raisonnable se situerait entre 10 000 € et 20 000 € (soit 1 à 2 % du patrimoine).

Ce plafond reste indicatif : il doit toujours être mis en regard de l’occasion (mariage, naissance, etc.) et de la régularité éventuelle des dons.

 

Peut-on donner un bien immobilier sans payer de droits de succession ?

« Oui, notamment en utilisant les abattements et dispositifs de la loi de finances 2025. Mais cela nécessite une bonne organisation patrimoniale et un éclairage juridique précis. », précise Clémentine.
 

Optimiser les droits de donation en France : les leviers à connaître

 

Il est possible de réduire la fiscalité liée aux donations en s’appuyant sur différents dispositifs :


Et après 70 ans, peut-on encore transmettre efficacement ?

 

« Oui, mais c’est plus technique. Les abattements sur l’assurance-vie, par exemple, sont moins favorables après 70 ans. Il faut donc anticiper au maximum avant cet âge. »

Il existe néanmoins des stratégies pour optimiser les droits de succession : transmission progressive, donations avec réserve d’usufruit, contrats d’assurance-vie adaptés…

Placer son héritage pour faire fructifier son patrimoine

Une fois la transmission reçue, se pose la question suivante : Comment investir son héritage ? Et surtout : Comment éviter les erreurs courantes ?
 

Stratégie d’investissement : prudente ou dynamique ?

 


« La stratégie dépend de l’âge, des objectifs et de l’horizon de placement. Plus vous êtes jeune et avez de temps devant vous, plus on estime que vous allez pouvoir prendre du risque parce que vous êtes à même de supporter les variations du marché. », répond l’ingénieure patrimoniale. « Pour un profil jeune avec des objectifs long terme, on pourra suggérer une allocation « profil dynamique ». A l’inverse, très souvent quand vous êtes à la retraite ou que vous vous en approchez, l’argent que vous avez devient précieux et vous êtes moins enclins à prendre du risque, il vaudra mieux se tourner vers des fonds plus sécuritaires et adopter une gestion prudente. »

Mais l’essentiel est la diversification de portefeuille, pilier d’une gestion de patrimoine réussie. « En tout cas, ne mettez pas tout sur un livret A, ni sur des produits trop bloqués, mais gardez toujours une épargne de précaution équivalente à 6 à 12 mois de revenus. »

Quels sont les meilleurs placements pour un héritage en 2025 ?

 

Les solutions les plus courantes incluent :

  • L’assurance-vie (fonds en euros, ETF, produits structurés, OPCVM, actions, obligations…)

  • Le PER (intéressant pour défiscaliser et préparer sa retraite),

  • Les SCPI (immobilier sans gestion),

  • Private equity, (investissement dans les sociétés non cotées)

« Si on peut tout faire, on fait tout, mais stratégiquement l’idée est de répartir entre liquidité, sécurité et croissance. »
 

SCPI vs immobilier locatif : que choisir ?

« Les SCPI sont simples à gérer, mais peuvent être fiscalement pénalisantes pour les très hauts revenus (il existe des solutions, notamment avec des SCPI européennes…). L’immobilier locatif classique peut offrir d’autres avantages, mais demande du temps et de l’énergie (assurer les travaux, trouver les locataires, s’assurer du bon paiement des loyers…) se faire accompagner permet ainsi d’associer le bon investissement avec le bon profil ».

À retenir :

  • SCPI = gestion déléguée, transmission facile

  • Immobilier locatif = plus de contrôle sur son investissement, mais plus de contraintes

 

ETF : tout le monde en parle mais est-ce vraiment intéressant ?

« De nombreux clients souhaitent aujourd’hui intégrer des ETF dans leurs contrats… en effet, ils sont en vogue, mais tout aussi risqués que les actions classiques. », explique Clémentine.

Les ETF, aussi appelés trackers, sont des supports qui permettent d’investir sur un ensemble d’actions ou d’obligations en une seule fois. Par exemple, un ETF peut suivre l’évolution du CAC 40, du Nasdaq ou d’un panier d’entreprises du secteur technologique. Résultat : avec un seul support, on est exposé à un marché entier, ce qui limite les risques par rapport à un pari sur une seule action.

Mais attention : dans le cadre d’une assurance vie, on n’achète pas ces ETF en direct, comme on le ferait sur un compte-titres. On les sélectionne comme supports d’investissement à l’intérieur du contrat, au même titre que d'autres fonds.

 

Pourquoi c’est intéressant dans une assurance vie ?

  • Parce qu’on profite des avantages fiscaux : tant qu’on ne retire pas, les gains ne sont pas imposés.

  • Parce qu’on peut diversifier facilement et à moindre coût, en investissant sur différents pays ou secteurs.

  • Et parce que cela reste souple : on peut arbitrer, rééquilibrer, ou changer de stratégie sans fiscalité immédiate.

En résumé, les ETF dans une assurance vie, c’est une façon simple, peu coûteuse et efficace d’investir en Bourse à long terme, tout en restant dans un cadre fiscal protecteur. À condition d’être prêt à accepter un peu de volatilité !
 

Quelles erreurs éviter après avoir reçu un héritage ?

 

  • Négliger la diversification

  • Investir sans objectif clair

  • Suivre les tendances sans accompagnement

  • Oublier sa propre transmission future


« Un héritage, ça se gère en pensant déjà à ce que vous voudrez transmettre un jour. Il faut poser les bases dès maintenant. ». Comment bien organiser sa succession ? Comment optimiser sa transmission ? La réponse passe par la connaissance fine des règles fiscales, la planification, et surtout l’anticipation. Donner et investir sont deux facettes d’une stratégie patrimoniale cohérente. Grâce à une bonne préparation, une transmission peut non seulement éviter les droits de succession sur certains biens, mais aussi augmenter le capital transmis aux générations suivantes. 

L’essentiel : être bien entouré, bien conseillé… et bien informé. Pour plus d'informartions vous pouvez prendre un rendez-vous avec un de nos conseillers.